Marie-Josée Robitaille : foncer malgré un handicap
Florence Tison
17 janvier 2019
Bon à savoir
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Deux ans après avoir terminé son DEP en secrétariat, Marie-Josée Robitaille est maintenant adjointe administrative à Québec à la direction des services technologiques de Retraite Québec. Nous lui avons posé quelques questions à propos de son parcours.
Depuis combien de temps occupez-vous votre poste d’adjointe administrative?
Je suis ici depuis le mois de mai 2018. Je sors de l’école, et j’étais pas peu fière de mon cheminement! À 47 ans, j’ai décidé de retourner à l’école suite à mon opération, parce que jusque là j’étais handicapée auditive.
Vous entendiez mal?
J’étais complètement sourde! J’ai eu mon opération il y a bientôt cinq ans. J’étais sur la liste d’attente pour recevoir un implant cochléaire. On m’a finalement appelée. J’ai été la dernière patiente opérée par le célèbre docteur Ferron! C’est lui qui a opéré les enfants de René Simard.
Pendant ma convalescence de six mois, je me suis dit que je ne voulais plus faire ce que je fais, je voulais faire autre chose. j’ai rencontré des conseillers en orientation et on m’a dirigée vers le secrétariat.
Que faisiez-vous avant votre réorientation?
J’étais dans la vente, dans la gestion de commerce. J’avais une équipe à diriger. Mais la vente au détail, ce n’est plus ce que c’était avec la venue de la vente par Internet : tout est disponible, souvent à meilleur prix qu’en magasin. Les retours sont possibles aussi, on dit même « Gardez l’item, on vous rembourse! ».
Ça a eu un impact aussi sur ma prise de décision. L’employeur a un manque à gagner flagrant, alors il rejette tout son désespoir sur les gestionnaires sur le terrain. C’était vraiment rendu difficile. Je n’avais plus de plaisir à travailler là-dedans.
Là, il faut que je vous dise, vous parlez tellement bien pour quelqu’un qui était sourde il y a 5 ans!
Ma surdité est congénitale, mais je ne suis pas née sourde! Il y en a dans ma famille : sur neuf, on est six sourds. Moi, je suis tombée vraiment sourde il y a à peu près 12 ans. Je voyais que je faisais répéter les gens, mais j’associais ça à la distraction! On me disait : « Voyons, es-tu sourde? »
Je suis allée passer des tests, et on m’a confirmé que j’étais sourde. Ça a commencé par des appareils auditifs comme pour les personnes âgées, et finalement j’ai perdue l'ouïe complètement.
Comment arriviez-vous à travailler?
Dans le magasin, je lisais sur les lèvres des clients, tellement que quand j’ai annoncé que je quittais pour me faire opérer parce que j’étais sourde, ils ne m’ont pas crue! À aucun moment, ils ont cru que j’étais sourde tellement j’étais habile.
Le langage non verbal aussi, c’est 50% de la compréhension de ce que les gens te disent
quand tu es sourde.
Après l’opération, vous avez tout de suite entendu comme avant?
Non! J’étais découragée. Au début, les sons ressemblent à rien de ce qu’est un vrai son. Moi, j’avais déjà entendu : je sais ce qu’est un klaxon ou un cri de mouette! Mais comme un petit bébé, il fallait que je réapprenne les sons. C’est pour ça que la convalescence est aussi longue!
Souvent j’enlevais l’appareil et je pleurais. On m’a dit : « Persévérez, plus vous allez le porter, plus la cochlée va être stimulée! ». Effectivement, je suis rendue à presque cinq ans et ça va bien. Je n’utilise presque plus le langage labial.
Pourquoi avoir choisi le secrétariat?
C’était la partie que j’aimais le plus de mon travail de gestionnaire : la paperasse, les tableaux excel, écrire à des clients pour des paiements non reçus, on travaille avec des banques de données... J’apprenais sur le tas, mais c’est ce que j’aimais le plus faire.
Je suis allée au Centre la Croisée, qui aide les gens handicapés qui veulent retourner au travail. Ils ont su me guider par rapport à mon handicap.
Vous ne regrettez pas votre choix de profession?
Ah ben non, ne serait-ce que pour l’horaire de travail! Je ne travaille plus les fins de semaine, je ne travaille plus le soir!
À part de ça, vous aimez votre travail?
Je suis dans les papiers jusque dans les trous de nez, alors oui! (Rires)
On ne dessert pas une clientèle extérieure; ma clientèle c’est mes collègues de travail. Je travaille aussi sur la colline parlementaire, alors je me déplace avec mes papiers.
J’ai aussi un gestionnaire formidable qui a tout fait adapter mon cubicule pour 5000 $ d’équipement juste pour moi. Juste pour ça, c’est lui qui mériterait un portrait!
Chapeau à la fonction publique, parce qu’il y a de bonnes structures pour ça.
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