La parité hommes-femmes en administration
Mathieu Valiquette
1 mars 2023
Bon à savoir
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En 2023, l’équité des genres dans le secteur administratif est loin d’être atteinte au Québec. Nous avons fait le point sur ce sujet qui demeure délicat.
Quand on parle de métiers de soutien administratif, il est presque tout le temps question de femmes, contrairement à d’autres branches d’activité, considérées comme plus masculines, où elles sont sous-représentées.
Même si elles sont dominantes dans les métiers administratifs, les femmes n’échappent pas pour autant aux injustices On remarque par exemple que les emplois ayant une présence féminine très forte (carrés noircis dans le tableau) sont des milieux généralement composés par des emplois de premier échelon. Cela crée des disparités dans échelons supérieurs, puisque les femmes ne représentaient que 14% des PDG au Canada en 2017.
Les femmes ont également plus de difficulté à obtenir des emplois à temps plein. Elles n’obtiennent en moyenne que 82% de la rémunération hebdomadaire des hommes, et ce, même si elles gagnent 90% du taux horaire des hommes. Elles perdent effectivement 8% de leur salaire, car on ne leur donne pas autant d’heures de travail que les hommes
Une amélioration de la parité en dents de scie
Les inégalités entre les sexes, notamment salariales, s'étendent bien au-delà du secteur administratif. Au cours des 20 dernières années, cette situation inégalitaire s’est tout de même considérablement améliorée au Québec dans plusieurs corps de métiers. Entre 2000 et 2020, l’écart entre les salaires s’est réduit de 8% en moyenne. Malheureusement, la pandémie a renversé la tendance pour 2020 et 2021, et l’écart est passé de 92% à 90.8%.
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Mais l’objectif de l’ONU d’atteindre la parité des revenus entre les hommes et les femmes pour 2030 au niveau mondial est-il réaliste ? Le gouvernement Legault a bien annoncé en 2022 un investissement de 70 millions de dollars sur cinq ans pour financer des travaux visant à promouvoir l’égalité homme-femme dans les milieux de travail, mais il est encore difficile de croire que la parité sera atteinte en 2027.
Il faut aussi tenir compte d’autres facteurs, comme le manque de représentativité des femmes à des postes de direction, le manque de diplomation pour accéder à des échelons supérieurs dans une entreprise, le poids de normes sociales et culturelles qui confinent encore les femmes et les hommes à des métiers genrés, ainsi que l’automatisation du travail, qui pourrait encore creuser un écart entre les genres masculins et féminins, C’est ce que la firme McKinsey & Company a d’ailleurs fait ressortir dans un rapport sur la parité au Canada en 2019.
Comment remédier à l’inégalité
Le métier de secrétaire ou d’adjoint.e est en déclin depuis les 30 dernières années, selon une étude menée par l’Institut Sapiens. Le déploiement massif des technologies bureautiques aurait entraîné une baisse de 26% des emplois d’assistance et de secrétariat entre 1986 et 2016 en France. Ces professions risquent même selon certaines sources de disparaître si la tendance se maintient.
Il est par conséquent important d’agir rapidement si on souhaite éviter la perte du secteur qui soutient le plus de femmes dans la province. Elles doivent en demander plus à leur employeur, comme l’a dit Iris Bonhet, professeure à l’université Harvard spécialisée dans les biais de genre: « Les femmes questionnent moins le salaire d'embauche. Ce n’est pas par timidité, mais par lucidité. »
Les femmes peuvent également compter sur le travail, en arrière-scène, de plusieurs organismes pour améliorer leur représentation. Oxfam a par exemple publié en février 2020 un rapport contenant plusieurs moyens efficaces pour atteindre la parité. On y suggère l'implémentation de quotas gouvernementaux plus sévères pour encourager le recrutement des femmes. On y indique aussi de rendre disponibles des incitatifs financiers, d’implanter plus de mesures favorisant la conciliation travail-famille, et de beaucoup plus favoriser la présence des femmes en politique pour leur permettre d’influencer les processus décisionnels gouvernementaux.
Que peut faire une professionnelle, à son niveau ?
La négociation d’un salaire et de conditions est encore aujourd’hui plus une affaire d’homme que de femme. De nombreuses professionnelles en soutien administratif ont tendance à suggérer un salaire plus bas à l’embauche que leurs pairs masculins.
Pour éviter ce problème, aux États-Unis, de nombreux états ont adopté une loi interdisant aux employeurs de demander le salaire actuel des candidats. Avec pour résultat un salaire à l’embauche de 2% en plus pour les hommes par rapport à leur salaire précédent… et de 8% en plus pour les femmes !
Il est tout aussi important de travailler pour un employeur qui respecte ses valeurs et, oui, la parité des sexes. Et vu que le marché de l’emploi actuel est plus profitable aux candidats qu’aux employeurs, il ne faut pas hésiter à se montrer plus sélectif dans ses recherches. Horaires flexibles, conciliation travail et vie familiale, télétravail, vacances, assurances ; tout cela doit faire partie, sans gêne aucune, des discussions… de même que la possibilité d’obtenir des formations continues et de viser des échelons supérieurs dans l’entreprise.
Finalement, les femmes doivent normaliser la négociation de leurs conditions de travail. Comme l’a d’ailleurs dit Julie Desrousseaux dans un article paru sur le site du média économique Pour l’Éco: « Il ne faut pas attendre que les mentalités changent. Il faut changer les procédés ».
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